Rachid Madrane, le Ministre des Sports de la Fédération Wallonie-Bruxelles, peut être fier et satisfait de son bilan
Rachid Madrane, le Ministre des Sports de la Fédération Wallonie-Bruxelles, peut être fier et satisfait de son bilan

« Heureux d’avoir fait supprimer les indemnités de formation »

 

A tout juste 50 ans, Rachid Madrane est un Bruxellois pure souche. Né dans les Marolles, il a obtenu une licence en journalisme et communication à l’ULB avant d’embrasser une carrière politique par la suite. On l’a découvert au conseil communal d’Etterbeek, il a ensuite transité par la Chambre des Représentants et le voilà, depuis mai 2014, au Gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles, en tant que Ministre de l’Aide à la Jeunesse, des Maisons de Justice, de la Promotion de Bruxelles et ensuite, des Sports. Son bilan est impressionnant et l’homme reste d’une humilité déconcertante. Rencontre.

Monsieur le Ministre, vous arrivez lentement en fin de mandat. En jetant un coup d’œil dans le rétroviseur, quel regard portez-vous sur vos réalisations et quelle est celle dont vous êtes le plus fier?

« Tout d’abord, je suis heureux d’avoir pu rééquilibrer les moyens octroyés au sport en Fédération Wallonie-Bruxelles.  Je suis le Ministre des sports francophone, ce qui veut dire de tous les francophones et pas d’une Région plutôt que d’une autre. Mais il est vrai que j’ai découvert, lorsque j’ai hérité de la compétence, une répartition très inégale du budget sport de la FWB. Et, il faut bien constater que Bruxelles n’a pas toujours profité des investissements de la Fédération Wallonie-Bruxelles ces dernières années. Ma première volonté a donc été de faire en sorte que tous les Bruxellois puisse, à l’instar des Wallons, profiter pleinement des installations et moyens de la FWB pour développer ses politiques sportives.

Quelques exemples significatifs témoignent de la faible répartition des moyens en sport pour la RBC :

-Il y a 5 centres sportifs locaux agréés à Bruxelles et il y en a 91 pour l’ensemble de la FWB.

-Il y 3 centres ADEPS à Bruxelles (sur 17 + 1 en France) pour 1,2 millions d’habitants. En comparaison, il y en a 4 dans la province du Luxembourg pour 280.000 habitants !

Et, petite anecdote intéressante, lorsque j’ai pris mes fonctions de Ministre des Sports à la FWB, je me suis rendu compte que cela faisait 21 ans que l’on avait plus vu un Bruxellois à ce poste !

Il était donc capital pour moi de rétablir les équilibres, ce que j’ai fait, notamment, en décidant de développer un nouveau centre ADEPS à Bruxelles dans un quartier qui manque d’infrastructures sportives, c’est-à-dire le quartier Scheut, à la frontière d’Anderlecht et de Molenbeek à proximité de la chaussée de Ninove. Pour rappel, le dernier centre ADEPS créé à Bruxelles date de 1987.

Ce que j’ai fait aussi en réglant la situation des clubs de football bruxellois. On était dans une situation où les clubs bruxellois, restant à l’écart de l’organisation du football belge en ne s’affiliant pas à la fédération reconnue par la FWB, n’avaient accès ni aux subsides décrétaux de la Fédération Wallonie-Bruxelles, ni au Plan Foot de la FWB, ni aux soutiens administratif et technique de l’ACFF.

Comme Bruxellois, je ne pouvais tolérer cette situation, qui privait les clubs bruxellois d’un traitement identique aux autres clubs, et qui privait l’ACFF d’une partie de son terrain d’action naturel. Nous avons donc trouvé un accord qui bénéficie à toutes les parties, un accord qui respecte la spécificité du foot bruxellois, mais qui permet également aux clubs bruxellois d’avoir accès aux mêmes avantages que les autres clubs francophones, et qui permet à l’ACFF de se voir rejoint par les clubs et leurs affiliés bruxellois.

Enfin, un autre projet que j’ai développé pendant cette législature qui me tient à cœur, est d’avoir pu faire entrer le sport en prison via un partenariat avec l’ADEPS et les Fédérations sportives et les clubs reconnus. 

On sait que le sport est un excellent moyen de travailler sur la désistance et la réinsertion des détenus. Il y a des moniteurs et des clubs motivés à donner de leur temps et de leur énergie, et des directions de prison qui demandent un appui. Il fallait donc permettre à tous ces acteurs de se rejoindre, ce que j’ai fait en créant des ponts entre mes deux compétences Sports et Maisons de Justice. .

Depuis l’automne 2017, des programmes d’athlétisme, de basket-ball et plus récemment de judo sont organisés dans différentes prisons de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Car tout ce qui peut favoriser la réinsertion des détenus est un des meilleurs moyens d’éviter la récidive. »

Au-delà de ça, vous avez également réussi à supprimer les indemnités de formation. C’était l’un de vos chevaux de bataille. Êtes-vous satisfait?

« Oui, tout à fait, il est intolérable que la formation de nos jeunes sportifs devienne un business, et qu’eux-mêmes deviennent des marchandises ! Ce sont des dérives du foot professionnel qui contamine le foot amateur. Ces indemnités font peser un poids sur les parents, illégalement, et freinent l’accès à la pratique et/ou à la mobilité sportive des jeunes.

De plus, les familles les moins riches sont les premières victimes de ces pratiques. Vont-elles demander à leur enfant  de renoncer à son sport parce qu’elles doivent déménager, ou que pour toute autre raison, leur enfant doit changer de club ? On touche à la question de l’accessibilité du sport pour tous.

J’ai donc décidé d’interdire purement et simplement ces indemnités dans le sport amateur, et cela pour toutes les disciplines, individuelles ou collectives. Le football bien sûr, qui est le sport dont on parle le plus quand on parle indemnités de transfert des jeunes joueurs, mais pas seulement.

Les indemnités de formation ne pourront plus concerner que le sportif qui atteint la catégorie senior ou l’équipe première, c’est-à-dire uniquement une fois que le/la sportif/sportive aura un contrat professionnel. L’indemnité sera calculée tout au long de la formation, selon des critères définis par la fédération, compte tenu de sa spécificité, mais ne serait exigible que pour le sportif « adulte ».

L’entrée en vigueur de cette interdiction se fera en avril 2019, pour être prêt pour la nouvelle saison des transferts. »

Globalement, quels sont les sportifs bruxellois qui vous ont le plus marqué au cours des derniers mois?

« Il y a évidemment notre championne du monde et championne d’Europe en en heptathlon, Nafissatou Thiam qui m’a très fort impressionné ces dernières années, même si je sais qu’elle est plus Namuroise que Bruxelloise. Et puis, plus récemment, j’ai été frappé par le talent et le parcours remarquable d’Amal Amjahid en jiu-jitsu, de Ryad Merhy en boxe, de Sami Chouchi en judo et bien évidemment de notre champion du monde en boxe thai, Youssef Boughanem. Sur un plan plus collectif, il est difficile de passer sous silence l’exceptionnelle performance de nos hockeyeurs au Championnat du Monde en Inde. »

Un petit mot sur le Brussels Football, que vous soutenez depuis le début?

« Je tiens à remercier ceux qui y oeuvrent au quotidien pour le travail effectué aux cours de ces derniers mois aux bénéfices des clubs bruxellois et pour l’excellente collaboration et climat dans lesquels nous avons pu travailler. Il a été un maillon extrêmement important dans l’accord trouvé afin d’intégrer les clubs bruxellois à l’ACFF. »

De façon personnelle, vous êtes un grand amateur de ballon rond. Avez-vous joué au football et si oui, où ?

« Oui tout à fait, j’ai joué à RSC Anderlecht, en minimes A. J’ai joué avec d’excellents joueurs tels que Marc Wuyts, Mohamed Lashaf… les plus anciens s’en rappellent peut-être. C’était durant la saison 1979-1980. Nous avions été champions et recordmen du nombre de buts marqués. Je garde en tête deux très beaux souvenirs : une victoire de 11-1 face au RWDM qui était en pleine génération des « Boskamp Boys », ainsi qu’un lever de rideau au Parc Astrid, dans un stade rempli, contre Boom. »

Quel est le terrain bruxellois où vous préfériez taper le ballon?

« Un petit parc derrière chez moi où j’avais mes habitudes et mes repères… Mais dans le fond, peu importe le terrain, pourvu qu’il y ait un ballon et des joueurs qui ont envie de shooter et de s’amuser. »