« IL A LA TÊTE SUR LES ÉPAULES »

 

A tout juste 19 ans, Alexis Saelemaekers est le petit jeune qui monte au parc Astrid. Celui que l’on décrit déjà comme le « nouveau Thomas Meunier », de par son poste sur le terrain et ses velléités offensives, a tout pour devenir l’un des patrons du Sporting dans les années à venir. Rencontre avec ceux qui le connaissent le mieux.

C’est un fait du hasard qui a dirigé la nouvelle pépite anderlechtoise vers le football, comme le relate son père Luc : « J’ai moi-même fait de la gymnastique pendant de longues années et de façon assez logique, Alexis m’a suivi. Il se fait qu’un jour, son frère Jesse, qui a dix ans de plus, est rentré à la maison en disant qu’il allait s’inscrire avec des amis à lui dans un club d’ABSSA. Je ne savais même pas de quoi il me parlait. Il voulait rejoindre des copains à Ittre. Alexis était à côté de moi et m’a dit qu’alors, lui aussi avait le droit de jouer au football. J’ai évidemment accepté mais à condition qu’il aille jouer dans un club proche de chez nous où il puisse apprendre le néerlandais. Il voulait aller à La Rhodienne…. »

Et c’est ainsi que celui qui a grandi à Alsemberg aboutit à… Beersel-Drogenbos. Ivo Heyndrickx, qui officie désormais en tant que président dudit club, se souvient excessivement bien de l’Anderlechtois : « J’ai été son premier entraîneur en U12. Il avait un an de moins que ses équipiers mais c’était un phénomène. Il n’a pas fallu longtemps pour comprendre que ce garçon-là avait quelque chose de plus que les autres. Il avait deux têtes de moins que ses adversaires mais c’était un hargneux et je devais parfois le calmer parce qu’il courait partout. A cette époque-là, il jouait comme ailier et il faisait régulièrement la différence en marquant des buts ou en faisant des passes décisives mais il n’était pas rare de le voir revenir jouer comme défenseur central pour tackler et repartir dans l’autre sens. Il était phénoménal. »

Très vite, Alexis Saelemaekers fait évidemment parler de lui. Il est d’abord repris en sélection du Brabant et ses prestations attirent l’attention de nombreux clubs plus huppés. Le FC Brussels est le premier à se manifester, quelques mois avant qu’il ne dépose le bilan. Deuxième signal du destin, voilà que le jeune homme croise la route de Roger Lemerre, ancien sélectionneur de l’équipe de France.

« Au Lycée Français, où mon mari et moi travaillons et où Alexis a suivi toute sa scolarité, une activité parascolaire de foot se mettait en place après les cours », se souvient Joëlle, sa maman. « La direction avait sollicité Roger Lemerre pour qu’il en soit le parrain puisque ses enfants fréquentaient également l’école. De notre côté, alors que les entraînements étaient destinés aux enfants de secondaires, nous avions demandé s’il était possible qu’Alexis, alors âgé de 11 ans, y participe également. Dès les premiers cours, Roger Lemerre a été séduit par son potentiel et nous a dit qu’il avait du talent et qu’il fallait faire quelque chose. »

En quelques coups de fil, celui qui permit aux Bleus de remporter l’Euro 2000 ouvre les portes de La Gaillette, le célèbre centre de formation du Racing Club de Lens, dans le Nord, au jeune Alexis.

« Le test était probant », précise le papa, « mais il était mineur et ne pouvait donc pas y aller. Ce sont les dirigeants lensois eux-mêmes qui nous ont incités à aller toquer à la porte d’Anderlecht ou d’un autre grand club, affirmant qu’Alexis devait aller dans un bon centre de formation. »

Les visionneurs se bousculent mais le choix d’Alexis se porte sur le Sporting d’Anderlecht. Le voilà donc qui rejoint les Mauves alors qu’il n’a que 18 mois de football dans les jambes. Son rythme de vie change du jour au lendemain puisqu’il passe de deux à quatre ou cinq entraînements par semaine plus les matchs.

« Pour moi, Anderlecht était un club comme un autre. Je ne connaissais strictement rien du football. Je suis allé à Neerpede quelques fois pour un peu voir comment cela se passait avant d’accepter qu’Alexis aille au Sporting », ajoute le papa.

« Alexis a toujours eu des facilités dans la vie, et tant mieux. Quand ses camarades mettaient trente minutes pour faire un exercice à l’école, il avait fini en dix. Il ne devait pas beaucoup étudier non plus pour connaître ses leçons. Il absorbait en classe et c’était bon. C’est une chance dans la vie », ajoute sa maman.

Dès son arrivée à Anderlecht, Stéphane Stassin l’a eu sous ses ordres et a suivi son évolution au fil des ans puisqu’à l’addition, il l’aura coaché trois ans, jusqu’en U19.

« C’est un gamin qui avait un retard physique sur le plan de la croissance mais qui avait un potentiel énorme et un cœur gros comme ça. Ce qui était frappant, c’est que pour un gamin venant d’un club de provinciale, il n’accusait pas le moindre retard. Souvent, nous avons des jeunes qui sont brillants dans leur petit club et qui rejoignent Anderlecht mais qui se prennent un mur en débarquant parce qu’il y a un fossé avec les joueurs qui sont ici depuis plusieurs années. Alexis a commencé au poste qu’il occupait à Beersel-Drogenbos avant cela, c’est-à-dire sur le flanc gauche offensif, mais par la suite, je l’ai fait reculer dans le jeu parce qu’il n’était pas suffisamment décisif. »

Une décision que le jeune homme n’apprécie pas tout de suite à sa juste valeur mais qui va évidemment s’avérer payante sur la longueur puisque c’est en tant que flanc droit qu’il va recevoir une chance chez les pros.

Après le départ de Youri Tielemans pour Monaco il y a quelques mois, celui de Leander Dedoncker ensuite, et la fin de contrat d’Olivier Deschacht Alexis Saelemaekers pourrait bien vite devenir le nouveau chouchou des supporters mauves, qui aiment évidemment les success-stories telle que la sienne.

« Je suis récemment passé à la boutique et on m’a dit que son maillot était l’un des plus vendus en ce début d’année », dit son agent.

Et l’avenir, comment s’annonce-t-il pour ce jeune homme qui est déjà international U19 et titulaire à Anderlecht ? Radieux sans aucun doute. Mais là où de nombreux jeunes joueurs sombreraient bêtement dans le bling-bling et la prétention, Alexis Saelemaekers reste les pieds sur terre : « Pouvoir vivre de sa passion est un luxe. Notre fils est heureux, c’est le plus important. Et nous sommes fiers de lui », concluent ses parents.

 

Crédit photo : RTL.be